Entre

 

Pour Entrer il faut faire la preuve de son identité et, donc, accepter les multiples facettes du contrôle et de la surveillance.

Dans un monde qui défend les libres flux à l’échelle planétaire, la question du seuil et du franchissement des territoires n’a, paradoxalement, jamais été aussi présente et incontournable.

« Entre » aborde le thème de la frontière linéaire ou nodale, visible ou impalpable. (Photos Ch.Raynaud De Lage).

 

« Entre » s’inspire également de l’histoire incroyable de Merhan Karimi Nasseri qui est resté 16 ans à l’aéroport de Charles de Gaulle en attente d’une solution à sa situation administrative.

 

 

La dramaturgie de « Entre » s’appuie sur la juxtaposition de deux strates. Une première trame de fond, narrative, s’inspire du journal qu’a écrit Merhan Karimi Nasseri.

 
 

Dans ce texte où il mêle habilement l’autobiographie, le quotidien dans l’aéroport et un certain regard sur le monde, on s’aperçoit qu’au fil des années, la narration de sa propre histoire varie et que tous les éléments qui permettent d’établir son identité deviennent flous. Ce premier niveau d’écriture de la pièce rend compte de l’impact psychologique de l’exil et des pertes de repères qu’engendre le déracinement.

 

 

Il met en scène la figure du migrant, du réfugié, du sans-papier mais à travers un personnage dont la vie est une performance unique, kafkaïenne et tragicomique. C’est aussi un immobile au cœur de la mobilité.

 

 

La deuxième ligne dramaturgique se compose de fragments issus d’une réflexion sur le thème de l’autorité qui émane du dispositif frontalier mettant en jeu le contrôle et la surveillance. On peut y trouver autant un détournement burlesque de la situation tendu d’une fouille que la parole posée d’un chercheur sur la question de l’économie de la migration en Europe.

Ces deux strates sont articulées de manière à ce que les spectateurs s’interrogent sur les cadres et les images à travers lesquels ils envisagent et construisent le phénomène de la migration ou du contrôle aux frontières.

 

« Entre » s’appuie sur une multiplicité de registre, dramatique, comique voir satirique, et l’esthétique de cette pièce résulte du croisement de plusieurs vocabulaires, la danse, le texte, l’acrobatie, la musique électro et live ou encore le slam.

 

 

 

Les langages du corps et du mouvement s’associent à la communication verbale, non pas pour tenter de transmettre un message ou une analyse mais plutôt pour stimuler une perception intuitive des thèmes de la pièces.

 

 

« Entre est une pièce bouleversante, perturbante qui vient remettre en jeu notre rapport aux migrants et aux frontières. A une époque où nos responsables politiques instrumentalisent, à des fins électoralistes, l’arrivée de migrants qui fuient la misère et les guerres, et appellent à la surenchère sécuritaire, cette pièce est d’une grande actualité.

Elle démarre autour d’un récit tragique, celui d’un homme, Merhan Karimi Nasseri, cet Iranien qui est resté 16 ans enfermé dans le Terminal 1 de Roissy dans l’attente d’un règlement de sa situation administrative. D’emblée, la lenteur de ses mouvements et de son rythme d’élocution tranchent avec le rythme effréné avec lequel se déplace quelques passagers en transit. Ce sentiment de déphasage ne cesse de croître, au fur et à mesure que la pièce superpose et mêle, aux prises de paroles de cet homme, enfermé dans la circulation, des scènes qui mettent successivement en jeu le contrôle des flux de passagers, le personnel chargé du nettoyage, la formation de futurs contrôleurs, des humanitaires interviewant des migrants, un chercheur en conférence, etc. La multiplication de ces fragments et l’accélération progressive du rythme du jeu viennent noyer le récit et la vie de cet homme pour leur donner un caractère presque anecdotiques.

Et c’est là une des forces de Entre, celle d’insister sur la déshumanisation des migrants qu’entraine toute la dramaturgie autour des frontières contemporaines.

Mais la pièce va beaucoup plus loin. Oscillant entre nouveau cirque, danse et théâtre, alternant entre tragique et burlesque, Entre mobilise une écriture et une mise en scène qui ne laissent jamais le temps au spectateur la possibilité de s’installer confortablement dans un registre qu’il maîtrise. Entre nous interroge donc doublement : tout d’abord, sur le regard et l’attitude que nous devons adopter à l’égard de ces migrants et du contrôle aux frontières ; et ensuite, sur la légitimité des formes artistiques et scientifiques à travers lesquels nous pouvons évoquer, penser et aborder les phénomènes qui touchent nos sociétés. » Cédric Parizot

Auteur et metteur en scène: Vincent Berhault

Une partie de l’écriture du spectacle résulte d’une recherche au plateau, les interprètes sont donc tous également inscrits comme auteurs au répertoire.

Avec: Barthélémy Goutet, Benjamin ColinGrégory Kamoun, Toma Roche et Xavier Kim.

Composition musicale: Benjamin Colin

Contribution à l’écriture : Cédric Parizot – Anthropologue du politque

Costumes: Barthélémy Goutet

Création lumière: Benoit Aubry

Construction décor : Plug In Circus

(Photos Ch.Raynaud De Lage)

Production : Cie les Singuliers. Coproductions : Théâtre d’Arles, scène conventionnée art et création pour les nouvelles écritures / Cie 36 du mois – Cirque 360 (Fresnes) / Pôle National des Arts du Cirque de la Verrerie (Alès) / l’Espace Périphérique de la Villette (Paris). Accueils en résidence : Théâtre L’Echangeur (Bagnolet) / 2R2C (Paris) / CIAM Centre International des Arts et du Mouvement (Aix-en-Provence) / Le pOlau Pôle des Arts urbains (St Pierre des Corps) / Le vent se lève (Pantin) / Atelier du plateau (Paris) / Académie Fratellini (Saint-Denis) / l’Espace Périphérique de la Villette Paris / Monfort Théâtre (Paris) / Cie 36 du mois – Cirque 360 (Fresnes) / Pôle National des Arts du Cirque de la Verrerie (Alès) / Théâtre d’Arles, scène conventionnée art et création pour les nouvelles écritures. Soutiens et Subventions : DRAC Ile-de-France, aide à la production dramatique / DGCA, aide à la création pour les Arts du Cirque / Région Ile-de-France, aide au projet / ADAMI et SPEDIDAM, aides à la création / SACD, Processus Cirque / Institut de Recherche et d’Etude sur le Monde Arabe et Musulman, UMR7310 (Aix Marseille Université, CNRS) / Institut d’Etudes Avancées (IMéRA) d’Aix Marseille Université.